- L’éjaculation précoce est définie par le DSM-IV comme étant une éjaculation apparaissant dans la minute qui suit la pénétration. On estime aujourd’hui que l’éjaculation précoce concerne de 28 à 36% des hommes et représente le trouble sexuel et le motif de consultation le plus fréquent. Malgré sa fréquence élevée, l’étiologie de l’éjaculation précoce reste débattue. Au-delà de la description princeps de Kaplan et collègues qui donnait une explication psychodynamique centrée sur des tendances sadiques et narcissiques, la vision moderne de l’étiologie de ce trouble, serait plutôt une hypersensibilité pénienne.
Pour de nombreux couples, ce problème peut représenter un véritable handicap à la vie amoureuse de loin plus gênant qu’un trouble érectile. Etonnement beaucoup s’en accoutument. Pourtant, lorsque le patient est traité et pris en charge efficacement, la partenaire note une très nette différence et se rend compte de l’importance d’avoir traité le trouble éjaculatoire, car la qualité de la relation s’en trouve très nettement améliorée. En outre, ce phénomène, comme les troubles sexuels masculins en général, ôtent du plaisir parce qu’ils entrainent une anxiété de performance ou une angoisse anticipant l’échec. Etre persuadé d’être systématiquement un éjaculateur précoce va forcément concourir à vous donner raison. Ainsi, au lieu de profiter des préliminaires qui sont souvent nécessaires à la relation amoureuse, un homme va s’angoisser de plus en plus en attendant que son érection accepte de se manifester ou à la simple pensée qu’il puisse avoir une éjaculation au bout de 30 secondes ou une minute. – François me consulte car, il souffre d’éjaculation très précoce depuis toujours à ses dires. Il s’agit d’un homme de 35 ans, marié à la même femme depuis 12 ans, avec laquelle il entretient des rapports sexuels par ailleurs satisfaisants en qualité et en fréquence. Depuis quelques temps, sa femme ne trouve plus aucun plaisir à leurs ébats amoureux, notamment en raison de l’éjaculation précoce, bien que le patient ait toujours présenté ce problème. Les rapports sexuels du couple sont toutefois fréquents, mais insatisfaisants, avec une tendance à être bâclés, même au moment des préliminaires. A l’examen clinique, il n’y a aucune anomalie au niveau de la prostate ou des organes génitaux externes. Le patient étant d’un naturel anxieux avec un profil psychologique fragile, je l’adresse en parallèle en physiothérapie périnéale et, en vue d’une sexothérapie complémentaire à un traitement anesthésiant topique et antidépresseur que je lui prescris. Le physiothérapeute effectue un travail de fond au niveau de la musculature périnéale avec un apprentissage de la reconnaissance de la contraction de la musculature pelvienne, notamment du groupe bulbo-caverneux. La musculation périnéale fait des miracles. Le patient revient en consultation en notant un très net progrès, permettant également une amélioration de la situation mictionnelle que le patient avait d’ailleurs scotomisée lors de l’anamnèse initiale à ma consultation. Actuellement, il peut non seulement retenir sa vessie avec de meilleurs intervalles, mais l’éjaculation est beaucoup mieux contrôlée avec un orgasme de qualité à l’entière satisfaction du couple. A cet égard, il est important de préciser que l’intensité de l’orgasme est inversement proportionnelle à la durée de la période avant éjaculation. En effet, les hommes éjaculateurs précoces affirment plus volontiers que le plaisir est moins intense, ce qui semble logique. Bien évidemment, chaque homme devrait trouver le seuil idéal entre montée du plaisir et éjaculation. - L’éjaculation précoce peut être traitée par des méthodes comportementales ainsi que par inhibiteurs du recapture de la sérotonine, comme la sertraline et la paroxétine.
En outre, il faut citer les thérapies comportementales décrites déjà par Masters et Johnson telles que la « squeeze pause » technique ou « stop-start » de Kaplan . Ces techniques permettent à l’éjaculateur précoce de maîtriser la montée de son plaisir jusqu’à pouvoir contrôler puis retarder son orgasme éjaculatoire. Le succès de ces techniques est excellent avec des résultats allant jusqu’à 85%. La réponse dépend toutefois de la coopération de la partenaire. Une nouvelle piste thérapeutique semble représentée par ce que l’on nomme EMDR ou « Eye Movement Desensitization and Reprocessing ». Cette approche de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires est une approche thérapeutique nouvelle du Syndrome de Stress Post Traumatique (PTSD). Cette méthode psychothérapique utilise la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux, soit par des stimuli auditifs ou cutanés pour induire une résolution rapide des symptômes liés à des traumatismes du passé . Christophe Marx, sexologue à Nîmes reporte une étude personnelle basée sur cette technique avec un protocole thérapeutique comportant trois consultations d’une heure, à trois semaines d’intervalle. Parmi 11 cas traités, 8 ont vu s’améliorer leur sexualité - le critère d’amélioration étant le passage à une durée de rapport intravaginal « acceptable » pour les deux partenaires, avec disparition de l’anticipation négative.
- A l’opposé des problèmes d’éjaculation précoce, les difficultés à éjaculer du type éjaculation retardée ou anéjaculation, ainsi que les difficultés à éprouver du plaisir sont beaucoup plus rares. En dehors des problèmes postopératoires classiques représentés surtout par des interventions chirurgicales au niveau du petit bassin ayant lésé les nerfs sympathiques ou les problèmes liés à la prise de médicaments, la plupart des patients ayant une difficulté à éjaculer sont souvent des patients ayant des troubles de la personnalité avec des comportements obsessionnels. – Parfois, le trouble éjaculatoire est lié à un problème banal, telle qu’une infection au niveau urogénital, comme le cas typique de Philippe, sympathique chauffeur de bus de 47 ans, consultant pour une difficulté progressive à l’éjaculation et une baisse de libido d’apparition également progressive et lente. Un bilan hormonal complet permet d’exclure un hypogonadisme ou un trouble cérébral. Le patient n’a pas d’antécédent médico-chirurgical particulier ou de prise médicamenteuse. Un examen simple au niveau de la prostate, après massage, récolte des sécrétions et de l’urine, ainsi qu’une échographie endorectale, permettent de confirmer une prostatite avec dysfonction pelvienne. Après un traitement antibiotique, anti-inflammatoire, décongestionnant et alpha-bloquant, le patient est transformé et revit avec une éjaculation de meilleure qualité. C’est dire l’importance d’un examen physique et biologique complet avant de classer le patient dans un trouble de la personnalité ou psychologique. Comme le dira Philippe, lui-même par la suite : « je m’en veux de ne pas vous avoir consulté plus tôt . En effet, ma relation de couple s’est trouvée extrêmement perturbée par mes problèmes d’éjaculation, à tel point, que ce n’est que lorsque mon épouse m’a menacé de me quitter si je n’allais pas voir un médecin ou consulter un spécialiste, que je me suis décidé à venir vous trouver ». Le cas de Philippe n’est pas unique et, bien souvent, en raison de non-dits, de préjugés ou d’idées reçues, beaucoup de patients tardent à consulter et laissent la relation de couple s’envenimer à tort. De nouveau, le problème éjaculatoire s’était manifesté par une difficulté à accéder à l’orgasme, avec une insatisfaction de la partenaire qui a réagit, fort heureusement. Le blocage qu’a ressenti le patient, ainsi que l’image négative qu’il se projetait de lui-même, ne l’a pourtant pas fait broncher. La femme, beaucoup plus souvent à l’écoute de son corps et des dysfonctionnements, est, la plupart du temps, salvatrice dans la démarche vers le spécialiste !
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